Déjà un deuxième bouquin, et l’éditeur qui fait le mort...

 

L'écume des mots

Les semaines passent et je ponds avec une rare jouissance un livre que j'intitule pompeusement L'écume des mots. Hommage appuyé au roman de Boris Vian, l'Ehpad dans lequel l'histoire se déroule s'appelant L'écume des jours. Pas en hommage à l'écrivain-jazzman-chanteur. Parce que les imbéciles qui l'avaient baptisé avaient trouvé l'affiche du film de Michel Gondry “jolie” ! Je me vautre avec un indicible plaisir dans ce monde que j'ai, malheureusement, côtoyé de très près. Je me suis régalé à brosser le portrait de personnages hauts en couleur, mais aussi et surtout, à dépeindre la vie dans un Ehpad pas tout à fait comme les autres, dans lequel se retrouvent uniquement des habitants d'un même village qui ont passé leur vie à se détester, pour l'essentiel, à s'éviter, pour la majorité. Qu'au soir de leur vie, ils soient contraints de survivre ensemble et de partager les mêmes humiliations ajoutait du piment, tout autant que la présence de Marsaud, l'un des derniers arrivants, quatre-vingt-seize ans, et un passé qu'on aurait préféré ne pas connaître. Un Marsaud qui n'a qu'une idée en tête, s'évader de ce lieu de perdition. Mais pas seul, et après avoir foutu un bordel de tous les diables. Je me marrais tout seul, en dépeignant certains de ces pensionnaires que j'avais de mes yeux vus et à qui je redonnais un soupçon d'espoir et une étincelle de vie dans un quotidien d'une tristesse à faire peur. Il a coulé tout seul de mes veines, ce roman. D'un trait, là encore, écrit à la première personne puisque chaussant les charentaises de Marsaud, jusqu'à cette scène finale qui me fait verser une larme à chaque fois, et que j'ai eu tant de mal à écrire. Trois mois se sont écoulés depuis l'envoi du manuscrit. Pas de nouvelles. Je me marre. Si la réponse tarde, ce n'est pas un mais deux autres romans que j'aurais écrit ! La tronche de l'éditeur à qui vous annoncez que vous n'avez pas pondu un one-shot, mais que vous en avez déjà deux autres sous le coude ! « Fallait être plus rapide pour répondre... Maintenant, je n'ai plus l'angoisse du deuxième, pas même du troisième. Je vous en promets un par mois, si vous prenez trop votre temps ! » 


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