Dans la pure tradition du feuilleton du XIXe siècle
Le premier tome de la trilogie « Madelaine » est paru, dans sa version papier, à la fin du mois de mai. 300 pages qui se dévorent, « emporté par un souffle puissant » qui, à en croire mes bêta-lectrices (oui, que des femmes, pour une histoire de femme, voyez-y comme une évidence), vous force à tourner les pages pour savoir où vous entraîne cette « épopée menée à un rythme époustouflant ». Ce n’est pas moi qui le dis, mais Marie-Hélène, Anne-Laure, Sylviane et Florence qui, je peux bien vous l’avouer, ont déjà lu les deuxièmes et troisièmes tomes avec un enthousiasme allant crescendo. Merci à elles, mes mousquetaires bienveillants, dont les compliments m’obligent car, même si je n’en mérite sans doute qu’une infime partie, ils me poussent à me dépasser pour ne pas les décevoir. Tout comme mes personnages qui ne me ménagent pas, à contrecarrer avec une rare jouissance mes plans initiaux. Le plus virulent étant, sans aucun doute, mon petit Marcellin. Et pourtant, dans ce premier volume, il n’est encore qu’un nourrisson, tout juste capable d’ouvrir ses grands yeux verts et de les plonger dans les vôtres. Il ne crie pas, ne proteste jamais, avare de ses sentiments, mais qu’est-ce qu’il peut être expressif ce morpion, arraché à la mort par on ne sait quel miracle. Il vient souvent me visiter la nuit, pour me reprocher de faire du mal à sa mère et aux gens qu’il aime. Mais qu’y puis-je si l’époque est sombre et si les hommes qui la traversent portent en eux une violence abjecte ? « N’empêche, hurle-t-il dans ma tête, tu pourrais faire un effort, parce que je vois bien que c’est toi qui es derrière tout ça, à tapoter sur ton clavier comme tu le ferais sur elle. T’es méchant, méchant, méchant ! » Pourtant, j’ai fait des efforts pour empêcher que certains événements ne se produisent, mais le destin est ici bien trop fort pour que j’y puisse résister. Et puis, mon tout petit, ta mère est forte. Très forte. C’est une femme comme on en fait peu en cette année 1836. Bouillante, intelligente, têtue aussi, et dotée d’un appétit peu commun pour la vie. Elle s’est juste trompée de siècle, à croire qu’elle pouvait faire un mariage de raison sans en payer le prix, l’Auguste Stein qu’elle a choisi étant de la pire des espèces, de ces parvenus qui se vengent de la pauvreté qu’ils ont connue en se dépouillant de leur humanité. Auguste, ton père, dont tu n’as rien hérité, je te rassure. Enfin, je l’espère, parce que tu mérites bien mieux, mon tout petit.
Comme l’ont découvert mes premiers lecteurs, je vous plonge dans une période où il ne faisait pas bon vivre, avec ce Louis-Philippe Ier qui fut le dernier roi de France, porté sur le trône par les émeutes de juillet 1830 (les Trois Glorieuses) et qui en sera chassé par les insurrections ouvrières de juin 1848. Pour l’heure, il n’est qu’une image lointaine, mes héros étant occupés à sauver leur vie, mais on verra, au fil des pages, combien la grande histoire peut percuter celle qui se déroule à hauteur d’hommes, et l’on ne s’étonnera pas d’y croiser des événements qui se sont réellement déroulés, mais aussi et surtout des hommes et des femmes qui ont marqué ce temps. J’ai voulu glisser mes pas dans la grande tradition du roman-feuilleton du XIXe siècle, à la suite des Dumas dans Le journal des débats (Le comte de Monte-Cristo) ou dans Le Siècle (Les Trois mousquetaires), d’Honoré de Balzac dans La Presse (La vieille fille en 1836, tiens quelle coïncidence !), d’Eugène Sue dans Le journal des débats (Les Mystères de Paris), d’Emile Zola dans Le Siècle (La fortune des Rougon) ou dans le journal Gil Blas (Germinal), de Jules Verne dans Le journal des débats (Vingt mille lieues sous les mers et Le Tour du monde en 80 jours), de Ponson du Terrail avec le personnage de Rocambole (aventures parues dans La Patrie, Le Petit Journal ou La Petite Presse), de Paul Féval dans Le Courrier français (Les mystères de Londres)… Ce type de littérature impose des règles narratives qu’on pourrait comparer à celles des séries d’aujourd’hui. Avec la plus importante d’entre elles : attraper par la main le lecteur et ne le lâcher qu’à la toute dernière fin du chapitre sur un coup de théâtre ou un suspense tel qu’il se précipitera sur la suite. Il semble que j’y sois parvenu, à lire les retours de ces premiers lecteurs…

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