Et au début naquit Le Blanchi

Le Blanchi

À la toute fin des années 80, je commettais plusieurs polars d'une noirceur à faire pâlir de jalousie les satanistes les plus pervers. J'étais jeune, en colère, et doutais de tout. Ils mettaient en scène, tous, un môme perdu, abandonné à peine sorti du ventre de sa mère dont on saura juste qu'elle a fait la pute pour survivre. Le père ? Un gars en manque, comme tous ceux qui attendaient leur tour derrière le rideau, si nombreux le vendredi soir qu'ils s'astiquaient dès leur entrée, pour torcher plus vite leur besogne... Dans le premier opus, celui qui n'a jamais eu de nom, juste un surnom qu'on lui a donné par opposition à celui de son pote arabe, a treize ans et il est revenu de tout, traînant son ennui et son appétence pour la violence dans une banlieue qui ne dit pas son nom, accroché au guidon d'une mob volée, croisant des gamins en rupture de ban, comme lui. Un survivant à la marge. À l'époque, j'avais envoyé le manuscrit à une flopée d'éditeurs, persuadé qu'ils se battraient pour me publier. Des exemplaires avec couverture rouge, reliés par ces fameuses pinces métalliques qui tenaient ensemble cent soixante-huit feuillets tapés à la machine en double interligne. Des tapuscrits. Une seule réponse a fini par arriver, des mois plus tard. Laconique. Signée d'un mystérieux comité éditorial : « Notre comité a lu votre manuscrit intitulé Le Blanchi. Sa conclusion ? Vous devriez consulter... ». Cet avis assassin (et en partie immérité, depuis que j'ai pris la peine de le relire avec l'indulgence du grand âge pour le drôle tout en os que j'étais) aurait pu mettre un terme à mes envies d'écriture. Il s'est passé tout le contraire...

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