A la découverte des traboules lyonnaises

L'enfant du tour d'abandon

Auguste Stein, le bourreau de Madelaine, le commissionnaire fornicateur et contrefacteur, pitoyable jaloux, habite un hôtel particulier à Lyon, dont l’une des entrées donne dans une traboule par laquelle, croit-il, son épouse reçoit ses amants. L’impétrant, pourtant coureur de jupons invétéré — le Tout-Lyon bruisse de ses conquêtes et des roucoulements de ses nombreuses maîtresses —, supporte d’autant moins cette idée qu’il sait sa femme, la jeune et belle Madelaine, enceinte. Et parce qu’il se croit cocu et se persuade que l’enfant n’est pas de son sang, il conçoit le plan diabolique que vous découvrirez dès les premières pages de L’enfant du tour d’abandon et provoque l’enchaînement de tout ce qui suit.

Mais qu’est-ce donc qu’une traboule? Si vous n’êtes pas lyonnais, aucune chance que vous connaissiez ce mot dont l’étymologie latine (transbulare, trabulare) ne dit pas tout de ces passages, dont les origines remontent au Moyen Âge. Il en existe plus de 300 dans le Vieux Lyon, à la Croix-Rousse et dans la Presqu’île. Elles permettent de passer d’une rue à l’autre, parce qu’au Moyen Âge et même pendant la Renaissance, on ne s’est pas encombré d’un plan de circulation. Au fur et à mesure des besoins, on a prolongé les rues, tout simplement, à tracer des lignes droites, plus rarement sinueuses pour s’affranchir des méandres du terrain ou de ses difficultés. Des lignes droites, mais pas de rues transversales pour aller de l’une à l’autre sans d’improbables détours. C’est ainsi que sont nées les traboules, ces passages traversants dont il ne subsiste plus aujourd’hui qu’un petit nombre accessible au public, nombre d’entre elles s’étant privatisées au fil des ans pour ne plus être accessibles qu’à une minorité.

La plus connue, c’est la longue traboule qui relie le 54 de la rue Saint-Jean au 27 de la rue du Bœuf à travers trois cours et quatre corps d’immeuble, au cœur du Vieux Lyon. Sans surprise, c’est celle que j’ai choisie pour jouxter l’hôtel particulier des Stein. Parce qu’elle se trouve non loin de la Cathédrale Saint-Jean-Baptiste et que ce lieu a une importance dans notre histoire, la femme du sacristain jouant un rôle de premier plan dans ce qui va advenir. Mais chut… Pour l’heure, je vous invite plutôt à vous promener dans les traboules et à découvrir leurs charmes…


Visiter les traboules

Si le cœur vous en dit, suivez-moi à la découverte de ces traboules dont je vous livre une petite sélection, loin d’être exhaustive.



Dans le Vieux Lyon

— Du 27 rue Saint-Jean au 6 rue des Trois-Maries. Elle traverse deux cours à galerie du XVIe siècle.

— La Maison des avocats, Place de la Basoche, à l’angle de la rue de la Bombarde et du 60 rue Saint-Jean.

— La longue traboule, du 54 rue Saint-Jean au 27 rue du Bœuf (photo).

— La Maison du Chamarier, dans la cour du 37 rue Saint-Jean, dans laquelle, dit-on, Madame de Sévigné aimait à venir.

— La Maison du crible, au 16 de la rue du Bœuf.

— Du 40 rue Saint-Jean au 5 place neuve Saint-Jean.

— La traboule du Gouvernement, du 2 place du gouvernement au 10 quai Romain Rolland.



Dans la Croix-Rousse

— La traboule de la Cour des Voraces, entre le 9 place Colbert et le 29 rue Imbert-Colomès, se distingue par ses escaliers et les six étages qui vous dominent tandis que vous cheminez tête en l’air, à grimper et descendre. Sans doute la plus originale et la plus spectaculaire (photo).

— La venelle des Pierres plantées.

— La cour du Moirage, entre le 5 place Croix-Paquet et le 3 bis Petite rue des Feuillants.

— Le passage Thiaffait, entre le 30 dur Burdeau et le 19 rue René Leynaud.

— La traboule escalier, entre le 4 rue de Thou et le 5 petite rue des Feuillants.



Dans la presqu’île

— Du 6-8 rue des Feuillants au 19 place Tolozan (photo).

— Entre la rue Royale et le quai Lassagne.

— Au 6 rue Sainte-Catherine.

— Entre le 8 rue du Plâtre et le 23 rue Longue

— Passage de l’Argue.

— Entre le 2 rue Charles-Dullin et le 1 rue Gaspard-André.

— Cour des trois passages, 8 rue de Fleurieu.

— Du 16 rue Pizay au 13 rue de l’Arbre sec.

— Au 2 place des Terreaux.


N’hésitez pas à privilégier une visite guidée, vous y apprendrez tout de l’histoire des traboules et de leurs secrets. Je vous invite d’ailleurs à consulter ce site pour avoir un aperçu des parcours.

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