La faute à morphose : trop, c'est trop !

 

La faute à morphose

Le titre dit tout de ce nouveau roman : La faute à morphose. Jeu de mots que j'ai été le seul à goûter (je ne connais personne qui en ait compris toute la finesse, même après avoir lu et relu la dernière phrase qui en explique le sens). C'est vous dire la prétention du mec dont on peut dire, sans trop se tromper, qu'il avait pris le melon ! L'histoire était encore plus terrible que les précédentes. Il y était question d'un village dans lequel on tentait d'en finir avec la consanguinité... en violant des jeunes filles prélevées au hasard, sur les routes. Voyez le genre !... Il n'y avait pas une once d'humanité là-dedans, si l'on veut bien excepter mon petit Blanchi qui grandissait et le regrettait. Le style était de plus en plus abscons, mais je n'en avais cure. Je déversais du venin en massacrant la syntaxe, les mots et le phrasé. C'était du métal en fusion, une logorrhée incandescente qui me laisse, aujourd'hui, pantois. J'étais d'une prétention insigne, et j'aimerais pouvoir excuser mon attitude face à une éditrice qui a tout essayé pour sauver ce qui pouvait l'être. Allant jusqu'à le faire réécrire par un garçon talentueux dont je n'ai jamais su le nom. Ce qui n'a pas dû être facile, je vous l'assure. Mais vous l'avez compris, je ne me prenais pas pour une merde. « On ne réécrit pas Céline ou Proust ! Et bien, moi non plus ! » Voilà ce que j'ai osé dire, coupant court à toute possibilité de collaboration ultérieure. Quelle outrecuidance ! Vis-à-vis de mes proches, la disparition de la collection m'a évité l'humiliation du roman refusé. Mais ce fut un électro-choc qui m'a remis à ma place. Il est arrivé à un moment charnière qui a coïncidé avec une toute autre orientation donnée à ma vie professionnelle. L'écriture, d'un coup, n'était plus aussi vitale, et ma production m'apparaissait aussi utile qu'un pet de lapin dans un monde qui pouvait s'en passer. Sur le Net, un certain oncle Paul écrit que certains des auteurs de cette collection, dont moi, « semblent s'être égarés dans la nature puisque l'on n'entendra plus parler deux ». Egaré, le mot est si juste en ce qui me concerne...

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