Des personnages qui m’échappent, encore ?
Ce que je n'avais pas anticipé, c'est ce qu'il s'est passé par la suite. J'ai été littéralement happé par les personnages qui ont dicté, avec impatience et insistance, les événements. Les enfants d'abord, Elvis bien sûr, mais également Toine, celui qui n'a pas la lumière à l'étage mais ressent mieux que quiconque les sentiments, Félix, Jacqueline et Aldebert, les grands, passeurs de mémoire, le Chien, évidemment, débarqué un jour avec sa patte folle et un petit bout de papier accroché à ses poils rêches, Orane et Fanny, les jumelles... Les adultes à l'éructation facile et l'emportement à fleur de peau, Fernand Cayol, le maire communiste élu sur un malentendu, le père Mathieu, curé à l'ancienne, Suzanne l'épicière qui se dit veuve de naissance, le vieil Anselme et sa grange, le berger piémontais que personne ne comprend, sauf peut-être Esmeralada, la recluse dont on ne sait pourquoi elle s'est enfermée, loin du village. Et, bien sûr, Boussagues, l'instituteur disparu. Et, plus encore, Georges Cerdan, ce cher Georges, son remplaçant. Rapatrié d'Algérie avec ses enfants, Marcel (comme le boxeur) et Jeanine, mais sans femme. Le poids de la tragédie sur les épaules, dépossédé de son histoire et de ses racines, mais dont le cœur n'est, au final, pas si éloigné de celui de ces gens refermés sur eux-mêmes qui l'accueillent avec méfiance, par obligation et du bout des lèvres. Sans se douter que lui comme eux vont en être changés à jamais. La faute, croient-ils tous avec la force de leur montagne, à ce souffle du pendu que la disparition de Boussagues a réveillé. Cette fois, il m'aura fallu du temps pour arriver au bout de cette histoire. Epuisé, mais étonnamment apaisé. Tous mes démons balayés par ce Souffle du pendu, titre qui s'est imposé avec évidence dès le point final. « C'est un livre qui fait du bien », en diront mes premières lectrices. Je l'ai également ressenti, ce sentiment, mais qu'allaient en penser les commanditaires, Zélie, Charli et Louane ? Allaient-ils adhérer et aimer, comme moi, ces personnages ? Et ces derniers les prendraient-ils par la main, comme ils l'avaient fait avec moi ?

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