Au secours, la Chideboult existe vraiment !

La gigue des féroces


Il est vrai que cette Gigue des féroces, que l'on trouve parfois sur Amazon, dépeignait une horde de personnages aussi bêtes que méchants, jouant une partition qu'on aurait pu situer entre Canicule, le livre de Jean Vautrin mis en image par Yves Boisset avec le monolithique Lee Marvin, et... Règlements de comptes à O.K. Corral. Ça défouraillait dans tous les sens, pour un oui, pour un non, ça baisait aussi pas mal, là encore pour obéir à une simple pulsion, sans la moindre trace d'amour. Dans le genre, c'était plus noir que noir. Jusqu'aux noms de tous ces paysans saisis de fureur, piochés dans des annuaires téléphoniques qui permettaient, à l'époque, de retrouver une personne bien plus sûrement que les réseaux sociaux d'aujourd'hui. D'Edouard Pignol à Marcel Grobichond. Avec ma préférée, Léontine Chideboult, l'épicière rêche, une teigne que t'aurais pas aimé croiser au détour d'une ruelle, même en plein jour. Deux sous de cervelle et des envies de meurtres qu'elle assouvissait comme elle s'enverrait un verre de rosé même pas frais. Sortie intégralement de mon imagination, croyais-je. Jusqu'à ce que ma belle-mère, contrainte par la faculté de faire un séjour en hôpital, se soit un jour retrouvée à partager sa chambre. Elle en est sortie affolée, se précipitant vers moi pour me hurler : « Sors-moi de là, TA Léontine est dans ma chambre ! C'est elle, toute droit sortie de ton bouquin ! » De ce qu'elle m'en a raconté, une fois qu'elle a eu recouvré son calme, le doute n'était pas permis, et je crains même que la réalité ait largement dépassé la fiction car, si j'en crois ses souvenirs (ou les effets de l'anesthésie), elle m'a longtemps affirmé que sa voisine de chambre avait trucidé quelqu'un avec une fourche ! Rien de moins. Par la suite, ma délicieuse belle-mère a fini par oublier, mais elle n'a jamais voulu lire le troisième livre d'un gendre qui s'enfonçait de plus en plus dans la noirceur, ce qui transparaissait sous une plume de plus en plus saccadée, chargée de mots lancés en staccatos serrés. Car il y a une suite...

Disponible sur Kobo

Commentaires

Les articles les plus populaires

Newgate, la Bastille anglaise

Alice et les quarante voleuses

Aux origines de Madelaine

Le tour d’abandon, un blanc-seing pour la mort

1er septembre : sortie de La louve et la lionne